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Un homme s'avançait vers nous ; je levai la tête ; nos mains se tendirent :
- Paul !
- Jérôme !
En face de moi, un de mes bons camarades du lycée.
Je l'avais compris : Paul était son mari.
Elle lui expliqua qu'on s'était rencontré lors d'un séjour à la montagne alors que j'étais étudiant et moniteur de ski.
J'eus honte de ce mensonge auquel ma présence l'obligeait.
- Que deviens-tu, vieux ?
- Je suis journaliste. Je prends le train ce soir pour le Havre. Nous embarquons demain pour une croisière dans l'Atlantique.
- Nous dînons ensemble, naturellement !
Alors il me fallut raconter en quinze minutes ce que j'avais fait pendant quinze ans !
Tout en m'écoutant, je sentais comment ma vie aventureuse, sans escale et si pleine d'agitation, était bien vide pourtant.
Véronique rêveuse avait pris cette pose qui lui était familière, le menton sur la main, l'index droit tendu sur sa joue. Elle me fixait d'un regard paisible, vaste comme le paysage que sa présence m'inspirait, apportant un apaisement raisonnable à mon agitation.
C'est là que j'ai su que pour moi la vie d'aventure c'était finie. Je retrouvais pour autre chose le cœur que j'avais laissé il y a si longtemps sur une pente au pied d'un sapin ou sur le bord d'un lac au creux de sa combe. Il avait fallu que nous fussions une fois de plus ensemble pour que finît ma quête et qu'un point fût mis par nous deux à la dernière ligne d'une belle histoire.
Et tandis que nous bavardions avec des rires parfois, je savais que j'aimais cette femme et que j'aimais cet homme. Je faisais des vœux pour leur bonheur.
Puis l'heure vint pour moi de partir. Nous nous embrassons. Et le dernier mot de Paul :
- Tu nous enverras des cartes postales !
Cette fois, je n'ai pas égaré l'adresse ; J'ai tenu ma promesse.
 Fin