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Comment nous sommes-nous quittés, Véronique ?
-Deux jours avant la fin prévue de mon séjour, un coup de téléphone de ma tante chez qui je séjournais m'a rappelée à Toulouse.
- Je vous ai accompagnée au village jusqu'au car.
- Nous nous étions attardés ce matin-là, et J'ai failli rater le départ.
- Nous avions même oublié de nous dire au revoir. Je vous ai donné mon adresse quand le car roulait déjà.
- Oui, j'ai enfoncé le bout de papier dans une poche sans songer à le lire.
Je suis allé à Toulouse, et en sortant du bus qui m'avait conduit dans le quartier, je ne l'ai plus retrouvé dans mes poches.
- Je vous ai attendu Jérôme. J'hésitais à sortir pour ne pas vous manquer. J'ai erré aussi dans Toulouse que je ne connaissais pas, allant à ce café dont j'avais retenu le nom, où vous m'aviez dit que vous alliez parfois. On ne vous y a pas revu.
Je regardais cette femme, prenant dans cet instant avec une réalité palpable, dans une angoisse fébrile, conscience du présent momentané plus fugitif encore dans les moments comme celui-là.
- M'aviez-vous oublié Véronique ?
La larme qui coulait sur sa joue souligna la réponse.
-Comment pourrais-je ? Vous savez bien, Jérôme, vous étiez mon premier amour ! Je garde encore le souvenir de chacune des heures que nous avons passées ensemble. Je ne me suis jamais remise à skier depuis. Un autre Jérôme n'a pas pris la place que vous avez laissée.
Je pensais alors en prenant ses mains dans les miennes du même geste qu'autrefois, que je n'avais qu'un mot à dire pour sécher cette larme, qu'un geste à faire pour la saisir dans mes bras et ressouder le temps interrompu, comme on reprend un train pour continuer un même voyage.
Je voyais à son poignet le bijou qui meulait le temps qu'il nous restait à exister ensemble, car le temps passait et nous avions tant à nous dire ! Au lieu de cela, nous nous taisions, chacun au fil de sa pensée, aveugles et sourds à ce qui pourrait se passer autour de nous.
je sentais au bout de mes doigts le battement précipité de son pouls sous la douceur chaude de la chair élastique que je me retenais de serrer trop fort, intimidé par cette présence si précieuse.